FREE AMERICAN JAZZ

 

Le « FREE AMERICAN JAZZ »  cuarteto et quinteto, nait au tout début des années soixante sur la scène du club La Descarga dont il assure l'inauguration. Deux musiciens afro-américains justes installés à La Havane en sont les initiateurs, le contrebassiste et pianiste Mario Lagarde et le saxophoniste alto provenant de Chicago Eddy Torriente -influencé par Paul Gonçalves- de retour à La Havane après une première visite et un passage au Capri en 1960.
Mario et Eddy réunissent autour d’eux  des musiciens Cubains en mal de descargas  à un moment où le Havana 1900 n’est plus la scène du disparu Club Cubano de Jazz. La formation ne joue -toujours avec difficultés- que dans les clubs où ne se  rassemble que le public jazz et ne cède ni au commercial ni aux modes. Il joue aussi à l'Atelier.

A la fermeture de La Descarga en 1963, les amateurs peuvent écouter  le « FREE AMERICAN JAZZ »   à La Gruta, au Pigalle puis à l’Atelier, un lieu où le groupe peut se maintenir avec Joe IGLESIAS à la batterie, Julio César FONSECA à la contrebasse et avec  le saxophone ténor de Nicolás REINOSO . Il offre peu de concerts mais on l’entend toutefois à l’Université Centrale et pour un Festival au Stadium Universitaire en 1962. Le répertoire proposé par Mario Lagarde et Eddy Torriente, tous deux amateurs de swing mais techniquement peu aptes à jouer Be Bop, comprend des thèmes comme « Perdido », « Indiana », « There will never be another » , « Cuando vuelva a tu lado » de Marion Grever, « La Gruta Blues » leur thème fétiche et de la musique brésilienne.

 

Vingt ans après Mario Lagarde retrouve à New York celui qui allait l'écouter à l'Atelier.
Club Soundscape 1981. Photographie Collection Paquito de Rivera.

 

Mario fait la connaissance du violoniste uruguayen Federico Britos au tout début de la décennie lorsqu'il est à l'Atelier. Celui-ci l'engage dans son cuarteto de Bossa Nova pour tenir la contrebasse. Le cuarteto inclus en outre un compatriote de Britos, le guitariste et chanteur Federico García Le groupe fait connaître la Bossa et les grands compositeurs  brésiliens Bonfa, Jobim, Vinicius… dans l'île. Dans la capitale il fréquente les salons des hôtels Habana Libre, Nacional, Riviera... les jours où dans ces hôtels les spectacles font relâche. Mario se présente aussi à la télévision avec la formation, à la Casa de las Américas, au Teatro Estudio... En 1963 il joue du piano avec un autre cuarteto de jazz de Federico Britos dans le cadre d'une émission de télévision de jazz que mène Britos. En 1962 Mario alterne, toujours dans une formation de Federico, le piano et la contrebasse lors d'un festival de jazz à La Havane. Avec Federico García  le « FREE AMERICAN JAZZ » participe en 1963 au Festival de Jazz officiellement organisé au Teatro Payret puis offre un concert  à la Sala de Bellas Artes avec Armandito ZEQUEIRA à la contrebasse et Armandito ROMEU à la batterie.

Parmi les nombreux musiciens qui passent dans le « FREE AMERICAN JAZZ » figurent le batteur, Pepe  « El Loco » YANES, le saxophoniste Sinesio RODRÍGUEZ…, les contrebassistes  Gonzalo ROMEU, José VALDÉS, « Papito » HERNÁNDEZ, les guitaristes Freddy MUGUERCIA, Rey MONTESINOS à qui Mario LAGARDE donne ses premières « leçons de jazz ».
Le « FREE AMERICAN JAZZ » n’a jamais enregistré.

Eddy Torriente décède en 1968 dans un accident de moto à la sortie d’une prestation musicale avec le groupe  campesino qui jouait pour le programme télévisé Palmas y Cañas pour laquelle il s’était mis au saxophone ténor.
Mario Lagarde se consacre alors à l’arrangement puis retourne aux Etats Unis.

C’est en partie grâce à Mario dit « El Americano », Eddy et leurs partenaires que le jazz -même classique- et malgré les connaissances limitées que les deux américains pouvaient montrer, se maintient et conserve un public dans cette première moitié des années soixante. Et c'est dans ce sens qu'il figure comme une pièce indispensable du jazz à Cuba.


© Patrick Dalmace
**** merci à Nicolas, Rey, Armandito, Paquito y Federico Britos pour leurs apports respectifs à cette page.

Discographie sélectionnée:

 

Cuba et le Jazz. Le Jazz dans l'île.
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